Je me demande si j’ai pas déjà utilisé ce titre pour un post sur Taiwan…
Il y a quelques jours, la période des sakura a laissé place aux élections locales. Comparé à Taiwan, où les rebondissements rebondissent parfois un peu trop loin (et c’est un euphémisme pour la période actuelle), le Japon, c’est encéphalogramme plat…
J’ai cherché une phrase de Coluche qui décrirait le mieux la situation : “le problème avec nos élections, c’est que le résultat compte pour les hommes politiques, mais pas pour nous”. Et Coluche avait vu juste en précisant bien les “hommes” politiques, car des femmes, il y en a assez peu au Japon en politique : lors de ces élections locales, un taux record de 10,3% de femmes élues a été atteint, j’ai lu trois fois avant de le croire, oui, ce n’est pas une faute de frappe. Précisons quand même qu’il y a des progrès : l’an dernier, le Japon a adopté une loi sur la parité en politique, mais elle n’est pas contraignante (pas d’amendes ni de mesures d’encouragement pour les partis politiques).
Comme dit Coluche, de nombreux Japonais ont l’impression que les élections, de toute façon, ça ne change pas grand chose à leur vie quotidienne. C’est faux. A défaut d’apporter un vent d’espoir (certes, en général, assez vite déçu), ou ne serait-ce que des débats, les élections municipales japonaises ont apporté des réveils un peu difficiles le week-end. Nous étions tellement habitués au silence que ça s’est remarqué.
Les voiturettes de campagne électorale n’en finissaient plus de passer avec leurs hauts parleurs dès 8h du matin, et surtout quand deux voitures se croisaient et que les hauts parleurs s’égosillaient en même temps, quelle cacophonie (heureusement, la campagne n’a duré que 2 semaines). C’était une vraie compétition de formules de politesse, à celui ou celle qui dira “arigatoo gozaimasu” (“merci beaucoup”) avec le ton le plus “souple et solide à la fois”, c’est pratique, ça marche autant pour les slogans politiques que pour le papier-toilette, comme nous l’avaient fait remarquer les Inconnus.
Sur les affiches électorales de mon quartier, ce qui m’a le plus intrigué est ce dessin (au Japon, il y a toujours des petits dessins partout, que vous soyez dans un cabinet médical, chez les pompiers ou au supermarché… et aussi, sur les panneaux électoraux). Elections municipales de l’arrondissement de Meguro : “votre bulletin de vote élargira l’horizon”. Message subliminal : priez pour sauver la biodiversité.
Malheureusement, Coluche vous le dira mieux que moi : “pour qu’un écologiste soit élu président, il faudrait que les arbres votent”.
Je sais que mon ironie ne fait pas l’unanimité… C’est pour que vous compreniez pourquoi le vrai feuilleton du printemps ici, ce n’est pas les élections municipales, mais la succession impériale. Dommage pour vous, je ne suis pas très feuilleton. Je ne ferai pas de commentaire.
Je finis avec une analyse de Coluche, qui prend tout son sens quand on est au Japon, car on peut mesurer notre chance: “La France, c’est formidable, parce que c’est le seul pays (avec Taiwan) où ils nous entubent et où on peut le dire !”
Avril 2019 © Sarah Vandy